variations (orphée/ dionysos)
i
les pierres réchauffées crûrent au long des
rivages ;
changèrent de position à leur gré, se déplacèrent.
des tiges frôlées se courbaient, s'inclinaient devant la senteur
où des vagues transcrivaient le rêve de déluge dans le corps
humain et le rapportaient à la terre ferme. toute créature
s’était vouée à l’éveil. toute créature, consciente de sa
valeur, culminait dans son alvéole. des pollens foisonnaient
en chatons gris puis, transgressaient l’eau par bouffées ;
des cailloux allégés passèrent en poches d’air ; des sables
se brisèrent.
changèrent de position à leur gré, se déplacèrent.
des tiges frôlées se courbaient, s'inclinaient devant la senteur
où des vagues transcrivaient le rêve de déluge dans le corps
humain et le rapportaient à la terre ferme. toute créature
s’était vouée à l’éveil. toute créature, consciente de sa
valeur, culminait dans son alvéole. des pollens foisonnaient
en chatons gris puis, transgressaient l’eau par bouffées ;
des cailloux allégés passèrent en poches d’air ; des sables
se brisèrent.
ii
alors que sur l’atroce paroi, juste au-dessus, quelques loutres
léchaient ses plaies, l’instrument fut entonné par le rêve après
la mort amère. la terrasse revêtait la carrière de pierre
calcaire, bordée des vesces vives, et par-delà les gros chardons
quelque chose de fugitif ou de facile l’évacua, plongée, saine,
à l’échelle de la sagesse. voici que l’on légua aux vipères
de préparer la récolte, en concordance, vibrent les feuilles
cramoisies en aval du tamarix et que le temps purge encore,
que la nouvelle vie pointait dans des taillis et des fougères.
léchaient ses plaies, l’instrument fut entonné par le rêve après
la mort amère. la terrasse revêtait la carrière de pierre
calcaire, bordée des vesces vives, et par-delà les gros chardons
quelque chose de fugitif ou de facile l’évacua, plongée, saine,
à l’échelle de la sagesse. voici que l’on légua aux vipères
de préparer la récolte, en concordance, vibrent les feuilles
cramoisies en aval du tamarix et que le temps purge encore,
que la nouvelle vie pointait dans des taillis et des fougères.
iii
trembleront les feuillages avec docilité ; incidemment,
comme de biais et en attente, depuis que l’emportement élut
demeure dans les couches des bois sensibles et diaphanes pour
faire périr la mort, éparse, à la fureur du crime ; depuis que
les mûrs, les orchidées effleurèrent au versant transporté les
prairies humides, les plaies en nous furent lavées, convoitèrent,
applaudirent comme jadis, s’allégeant dans la confiance.
iv
tel était sa respiration nonchalante, l’attrait de douceur
revenant à lui : son sang chaud colora l’estuaire tiède
que graduaient de dures vertèbres, des peaux, des viscères
rougeoyantes; les olivaies se trouvèrent ébranlées par un rythme
différent, plus véhément, de la terre, avec des pylônes, les néfliers,
les pins parasols au long des murailles épiques, tous revêtements
transitoires, une fois recouverte de longs promontoires rocheux
pour recevoir dans la moisson les cycles de la nuit et du jour.
sous l’effet de cette vitesse effrénée la terre donna naissance.
les fauves furent soit attaqués soit apprivoisés. la terre cessa
d’être impalpable, se dénuda, se creusa au transfert du pouvoir.
© Katia Roessel
Paris, 2012-2014, la suite complète de "variations (orphée/ dionysos)" a été publiée dans La revue L'étrangère, no 43-44, dirigée par Pierre-Yves Soucy, 2017.